Tester un prototype, une voile

 

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Salut à tous, aujourd’hui je m’intéresserai aux voiles dans la suite logique de mon dernier article sur les planches.

Durant l’été dernier, j’ai eu la chance de rencontrer le designer d’xtremsails, une nouvelle marque de voile, et de tester les prototypes en compagnie de Russell Groves, le coach officiel d’EW, mais aussi un grand ami qui m’a beaucoup appris, notamment comment tester une voile. Ceci s’applique également aux voiles de séries neuves, afin de mieux comprendre comment elles fonctionnent.
Tester une voile permet de mettre également en avant les principales évolutions entre deux millésimes de voiles


Tester-voile


D’abord, gréez votre voile normalement et faites un aperçu rapide. Prenez en compte l’écoute, l’amure, le poids de la voile, son design, mais aussi sa construction.
Vous aurez ainsi un premier aperçu de votre matériel.
Les premiers bords sont essentiels pour une voile, car c’est là qu’elle se formera à vous, donc respectez bien les indications. Pour un prototype, votre rôle est de trouver les meilleures mesures, ainsi à vous de le faire sur l’eau.


Ensuite, il est temps d’aller sur l’eau, de faire quelques bords sous tous les angles et de noter son comportement : – au près
– au largue
– au travers
– au grand largue
– au près serrer
– à l’arrêt


Puis, il faut retourner à terre et modifier les réglages petit à petit jusqu’à trouver le bon compromis.

reglage


L’intrados de la voile ne nous permet pas de voir grand-chose. Donc, afin de vraiment étudier une voile, il vaut mieux se mettre à contre et étudier le comportement de l’extrados. Vous pourrez voir le creux qu’elle prend, analyser sa stabilité (neutre ou plutôt directe) et découvrir ainsi une autre facette de la voile.

russell-groves


Tester une voile est un travail fastidieux qui demande beaucoup de patience. Si c’est votre voile, vous ne perdrez qu’une session à vous régler, mais vous aurez gagné toutes les autres en étant bien réglé. Il faut comprendre la voile, chercher à savoir pourquoi le designer a fait telle ou telle chose. Pour un prototype, lorsque vous faites votre feedback, vous devez savoir à la fin pourquoi, par exemple, les lattes ont été rehaussées, qu’est-ce que cela apporte…


Pour ma part, je trouve qu’il ne faut pas comparer les voiles aux autres, car le but du designer est de faire la meilleure voile du marché et non la copie conforme d’une autre.

Pour vous donner un exemple : lors de mes tests avec Russell et le designer, ils m’ont annoncé la fabrication de voiles très légères avec une puissance incroyable.

Tester un prototype


J’ai donc pris une 5.0 m² dans 20-25 nœuds pour me faire mon propre avis, en sachant déjà que ce sera « hardcore ». Le premier point à noter était bel et bien le poids, une 5.0 a le poids d’une 4.5 et sur l’eau la puissance d’une 5.5. Il va sans dire que je me suis retrouvé totalement surtoilé avec une simple 5.0. La voile était très rapide… et en me mettant à contre, j’ai noté le peu de chute dans la voile qui m’était difficilement visible en navigation classique. Après plusieurs réglages, j’ai noté que cette chute était sans doute faite pour être ainsi et c’est ce qui lui donne une telle puissance. Le poids est dû à un matériau très léger et très robuste, donc les renforts étaient plus faibles.

Plissonneau


Un test de solidité est généralement intéressant pour voir tout d’abord quelle pression supporte la voile, mais aussi comment elle réagit. Et ainsi, après un gros tour (non fait exprès) dans la « machine à laver » de la vague, j’ai remarqué que la voile était intacte et la caméra embarquée permet de voir comment la voile twiste avec la torsion du mât.

Ce test est très important, mais très risqué…


Enfin vient le retour à terre, on partage nos commentaires, on échange de matériel et enfin on rapporte le tout au designer.

proto


Lors de mon feedback, mes hypothèses étaient vérifiées, la voile à rempli son rôle et a réagi comme il fallait.


Voilà en gros comment tester une voile. Une voile de slalom à 4 cambers demandera sans doute plus de temps, car les réglages ne se font plus au centimètre, mais au millimètre.

Cette étape est pour moi obligatoire dès que j’ai une nouvelle voile et c’est comme roder un moteur. Il faut l’analyser de A à Z pour mieux faire corps avec elle.

Russell est un excellent testeur. Il est capable de décortiquer une voile dans ses moindres détails et le fait de participer au développement de voiles avec lui m’a appris beaucoup. Cet article a pour but de vous faire voir votre voile d’un autre œil, comme il l’a fait avec moi ; faites cela et votre manière de naviguer changera considérablement, vous ne ferez plus qu’un avec votre gréement.




Pics : Russell Groves, Xtremesails, Martin Plissonneau




Articles sur le même sujet : Tester une voile de Russell Groves, Tester le matériel RS:X de Benjamin Longy




Tester une voile


Lorsque j’en ai l’occasion, j’aime faire des tests de voiles pour comprendre comment elles fonctionnent ou découvrir quels sont les changements effectués par la marque et, dans ce cas, tester un prototype pour Xtreme Sails.


xtreme sails


tester une voile

En l’occurrence, il s’agit de la Zero, la voile de vague à 5 lattes. J’utilise en permanence de très petites voiles donc la marque m’adonné la 3.7 m2.


Tous les fabricants donnent des informations précises (venant du designer et du team de la marque) pour gréer correctement la voile. A cette occasion ils m’ont juste dit : « vas-y, amuse-toi et dis-nous ce que tu en penses ».

Chaque fois que je teste une voile, j’ai mon programme habituel. J’aime bien naviguer avec des voiles assez plates de 4 ou 5 lattes. J’apprécie également la tension au niveau du point d’écoute. Sur cette photo, vous pouvez remarquer que la voile est très plate.

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xtreme sails

En regardant à partir de la têtière (en haut du mât), on peut vraiment voir la forme de la voile ainsi que le creux. Ces voiles sont très puissantes. Ce qui m’a vraiment surpris, c’est le peu de vent dont j’ai eu besoin pour utiliser la voile.
Vous pouvez remarquer, également, que les bouts de harnais sont assez reculés, il s’agit plus d’une position comme pour les voiles à 4 lattes et j’aime cette position. Ces voiles permettent vraiment à la planche d’accélérer !




xtreme sails

Ici, j’ai gréé la voile pour du vent léger. Personnellement, je n’utilise pas la voile gréée de cette façon, car lorsque j’ai trouvé les réglages qui me conviennent, je navigue toujours avec les mêmes réglages.
Mais pour tester une voile, je dois trouver tous les réglages. Avec ce réglage, la voile est très puissante et convient aussi aux personnes un peu plus lourdes.




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xtreme sails

On peut remarquer que mes ajustements se jouent seulement sur 1 à 2 cm. Plusieurs marques l’indiquent (+/- 1cm) sur les voiles.
« A » est le réglage pour du vent fort et « B » pour le vent léger. Sur la photo, on peut voir ce que je recherche lorsque je fais les modifications.




Quand j’étarque, je ne cherche pas une chute toute mole, mais seulement à faire dégueuler jusqu’au niveau de la deuxième latte à partir du haut. (Je dois avouer que c’est plus à faire avec une voile à 5 lattes. Pour une voile à 4 lattes, je recherche le même effet plus au moins au même endroit sur la voile. La deuxième latte d’une voile à 4 lattes étant beaucoup plus basse.)
J’étarque jusqu’à ce que la latte soit dégagée du mât et donc toute plate, comme sur la photo « A ». Cela me donne alors le réglage du point d’amure maximum dont j’ai besoin. Ensuite, je relâche un peu jusqu’à ce qu’il y ait du creux, comme sur la photo « B ». Cela donne mes réglages pour le vent léger.
Je relâche alors jusqu’à ce que j’aie un peu de tension au niveau du point d’écoute.

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Maintenant, je charge le mât pour observer comment la voile se plie. Le vent fort montre qu’il n’y aura pas de problème, sur la photo « B », je regarde au niveau de la fenêtre; si ça commence à plier, c’est que j’ai relâché trop au niveau du point d’amure.
Il est également important de vérifier la tension au niveau du point d’écoute. S’il n’y a pas assez de tension, la voile touchera le wishbone et vous aurez alors besoin de tirer plus.

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Sur la photo « B », on remarque que je suis à la limite maximum pour relâcher au niveau du point d’écoute.

Donc, il s’agit de mes 2 réglages. Je vais ensuite aller sur l’eau pour trouver mon réglage optimal.

Les réglages de point d’amure sont très proches du réglage pour ‘A’. Je vais juste ajuster sur 1 cm au niveau du point d’écoute, mais pas aussi relâché que sur ‘B’.




Sur l’eau, j’observe comment la voile bouge en vérifiant le twiste en tête et comment la puissance est transmise.
Le centre de poussée est-il stable ? S’il bouge un peu, cela signifie que vous n’avez pas assez tiré au point d’écoute.

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Faire des manœuvres à contre m’aide à voir l’autre côté de la voile et me donne ainsi plus de feedback.




Ensuite, je retourne à la plage, je fais encore des ajustements et retourne à l’eau.

Pour finir, je retourne voir le designer pour lui expliquer mes découvertes. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas des designers, donc ce que nous suggérons n’est pas toujours utile. Il faut donc juste lui dire ce que l’on ressent et comment la voile s’est comportée lorsque l’on a changé certains réglages.

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