Une main pour tout faire ! Du Windsurf aussi !!!

axel tricaud

 

Axel Tricaud est né avec un handicap à la main gauche…

 

prothese main
Nom : Axel Tricaud
Localisation géographique : Lyon / Toulouse (France)

 

Depuis 6 ans, il s’est mis dans la tête qu’il pouvait faire du windsurf… Et depuis un an, il navigue avec une prothèse spécialement conçue pour la planche à voile.

 

axel tricaud       prothèse main

La vidéo

 

 

L’interview

 

ESPACE WINDSURF (EW) : Comment as-tu mis en œuvre la fabrication de ta prothèse?

AXEL TRICAUD (AT) : Je suis allé dans un cabinet spécialisé dans la fabrication de prothèses orthopédiques : « Rhône orthopédie ».
Pour la forme de la prothèse, j’ai d’abord demandé à mon entourage : ma mère et mes oncles ayant pratiqué le windsurf ! J’ai aussi profité de l’expérience des prothésistes qui m’ont dit ce qu’il était possible de faire ou pas. Enfin, j’ai demandé l’avis de certains pros via « Facebook » (notamment Laure Treboux qui a pris le temps de me répondre et de me donner des conseils très utiles).

 

EW : Comment s’est passé la fabrication pour toi?

AT : Ça a pris un certain temps car le cabinet est à Lyon et que j’étudie à Toulouse. J’y allais donc pendant les vacances et on faisait des séances où on a commencé par bien cibler mes besoins et mes désirs. Ensuite on a moulé un thermoplastique sur mon handicap pour prendre sa forme exacte et voir où se situent les points d’appui que l’on pouvait utiliser. Après, on a fait la même chose pour le crochet puis, pour finir, la prothésiste a créé les parties en composite/carbone et les a assemblés.
Il ne restait plus, alors, qu’à mettre les attaches qui nous semblaient appropriées. Dis comme cela, ça peut paraître rapide, mais il nous a fallu à peu près 3 mois et demi pour terminer le projet !
Au final cette prothèse aura couté entre 1600€ et 1700€.

 

EW : Comment est-elle adaptée au sport?

AT : Lors de la fabrication, on a réfléchi au maximum sur la forme du crochet pour qu’il soit le plus fonctionnel possible. Sachant qu’hormis les conseils avisés de certains pros et l’expérience du prothésiste, nous partions de rien : je n’avais jamais entendu parler d’une prothèse créée pour le windsurf auparavant, malgré quelques recherches sur internet.
Le crochet a un diamètre spécifique pour ne pas glisser sur le wishbone, mais aussi pour s’accrocher et se décrocher facilement! Ensuite il a une forme de V, pour lui permettre de pousser le wishbone sans qu’il dérape dans certaines manœuvres. Enfin, la prothèse est, bien sur, totalement résistante a l’eau et au sel ; elle est composée de carbone/époxyde de plastique et de néoprène.

 

EW : Comment fais-tu pour gréer et porter le matériel? Et sur l’eau? (avantages et inconvénients)
AT : Ah oui, c’est souvent ce qui étonne le plus les autres : le fait que je mette presque autant de temps qu’un windsurfer valide ! Mais c’est venu tout naturellement… Et si on regarde bien, lors du gréement d’une voile, avoir deux mains n’est pas si important que ça !
Pour porter le matos, c’est simple, je le porte en deux fois : la planche sur la tête ou tenue par les straps et le pied de mât, la voile sur la tête quand je peux. Je grée toujours sans ma prothèse et je porte mon matos sans aussi.

 

prothèse windsurf          prothèse windsurf

Sur l’eau, c’est un peu plus compliqué… En fait, ça fait à peu près 5 ans que je navigue sans la prothèse et avec celle-ci, j’ai eu besoin d’une période de réadaptation : par exemple, j’ai dû réapprendre les manœuvres basiques comme le virement de bord et l’empannage. Donc, dans certains cas, je suis meilleur sans ! Par contre, pour les bords, je suis beaucoup plus à l’aise, je peux abattre et lofer tout en restant loin de ma voile, je tire moins sur mes muscles du bras gauche ; et donc je peux naviguer plus longtemps !
Ma prothèse a quand même ses limites. Par exemple, le serrage me fait mal et peut même provoquer un garrot si je reste trop longtemps ! Je dois donc faire des petites pauses. J’ai aussi rencontré un problème à cause de la rigidité de la liaison entre le corps de la prothèse et le crochet et je ne peux donc pas former d’angle (ou très peu) entre mon avant-bras et le wishbone. Je suis obligé de le garder perpendiculaire.

 

EW : Si tu pouvais modifier cette prothèse, que ferais-tu?

AT : J’essaierai de réfléchir à un mode d’attache aussi solide et moins douloureux. Et surtout, je mettrai une liaison souple entre le manchon et le crochet ; un peu comme le tendon sur une plaquette de pied de mât.

 

EW : Et dans la vie de tous les jours?

AT : Je me débrouille comme je peux, mais franchement, il n’y a pas beaucoup de choses que je ne peux pas faire ! Et puis, j’ai fais pas mal d’autres sports : principalement de la danse, du ski et de l’escrime.

 

EW : Quelles sont tes études? Est ce qu’il y a un lien avec le windsurf et ton handicap?

AT : J’étudie en DUT Génie mécanique et productique T A à Toulouse et je souhaite continuer après en école d’ingénieur. J’y étudie toute la mécanique, le dimensionnement des structures, les sciences aéronautiques et les matériaux composites.
Plus tard, j’aimerais travailler dans la fabrication de planches… Si je peux…

 

EW : Qu’attends-tu de cette interview

AT : Surtout partager mon expérience, et profiter de l’expérience des autres !
Je peux conseiller les gens sur les démarches à suivre, et les choses à faire ou pas sur ce type de prothèse.

 

EW : As-tu envie de remercier quelqu’un?

AT : Oui, tout d’abord toi ! Pour t’être déplacée jusqu’ici non sans difficultés sur ta route…
Mais aussi Aude Bignon, la prothésiste, sans qui, tout ça n’aurait pas été possible.
Ensuite, les pros qui ont eu la gentillesse de me répondre sur Facebook. Leurs conseils ont été très utiles !
Enfin, et surtout, ma mère qui s’est occupé de tout le côté administratif ; et croyez-moi, c’est loin d’être le plus facile.

 

axel tricaud