Lorsque j’ai commencé le windsurf, j’ai su que c’était ma vocation et que j’allais pouvoir peut-être me faire connaître grâce à ce sport. Au fur et à mesure que je progressais, je voulais voir plus d’amis pratiquer le sport et voir la destination prisée des riders venant du monde entier. Mes ‘homespots’ sont vraiment magiques, l’environnement, l’ambiance dans la ville et tout, je pensais qu’il y aurait plus d’attrait dans le pays, mais ce n’était pas le cas du tout. Avec les problèmes internes du pays, politiques, sécuritaires et de pauvreté, en plus de la crise financière mondiale, Madagascar était en train de perdre en réputation.
J’ai toujours voulu rencontrer des windsurfer professionnels et les réseaux sociaux, notamment Facebook, m’ont permis d’entrer en contact avec eux. Ainsi, un jour, j’ai décidé de contacter des champions et professionnels du sport. Je ne comprenais pas pourquoi, après les 2 ‘Windsurf Challenges’ (événement de windsurf à Madagascar) plusieurs de riders célèbres n’étaient pas revenus visiter le pays. En tant qu’habitant de l’île, j’ai pensé qu’il serait bien d’organiser la venue d’un rider très connu. D’habitude les Malagasy sont moniteurs de kitesurf et n’ont pas vraiment d’envergure et de perspective quant à un projet comme celui-là. Cependant, le fait qu’un Malagasy fasse venir un champion hawaiien comme Graham Ezzy prouve que les Malagasy s’approprient les sports de glisse petit à petit.
Ainsi avec mon association Mada Power Events, j’ai contacté Graham et on a chatté de manière régulière pendant plusieurs semaines. Plus tard, il m’a dit que Kevin Pritchard était prévu au trip également. Petit à petit, on a mis le programme en place, les vols entre Hawaii et Diego-Suarez et le genre de vidéo qu’ils allaient tourner. Ensuite, on a commencé à avoir des problèmes. Le trip étant prévu au mois de juillet a été reporté au mois d’août puis au mois de septembre. De plus, après avoir réservé les billets et s’être mis d’accord avec les riders, il s’est avéré que Kevin Pritchard ne pouvait pas faire le voyage du fait qu’il devait impérativement assister à une étape de l’American Windsurfing Tour. Il y avait donc un gros problème, car on allait payer un billet pour un trajet qui fait la moitié de la planète pour une personne qui ne pouvait faire le voyage. On a essayé de négocier avec la compagnie Air Madagascar pour annuler le billet, mais sans succès. Entre temps il fallait que je trouve un autre cameraman, sinon Graham allait également annuler son voyage, ce qui aurait été une addition très salée pour moi. Pendant 2 semaines, Graham et moi contactions tous les photographes/cameramen professionnels dans les domaines windsurf/kitesurf. Après maintes négociations, Manu Grafenauer, le célèbre cameraman qui a travaillé avec André Paskowski sur les meilleurs films de windsurf de tous les temps, me donnait le contact d’un Allemand, Andreas Jansen. J’ai checké ses vidéos et ai été vite convaincu. On a discuté et il m’a dit qu’il était OK pour venir tourner le film, ce qui était un énorme soulagement personnel. J’en ai parlé à Graham et tous deux sont devenus vite amis. Plus tard, Graham m’a fait part du fait qu’il faisait également venir un ami à lui pour les photos professionnelles Rubben Lemmens, windsurfer amateur participant à l’AWT.
Après de nouvelles négociations sur les frais, ils étaient en route pour Diego-Suarez. Graham est arrivé en premier, je lui ai fait visiter la ville, les spots et il a pris ses repères pour le tournage. Quelques jours plus tard, Rubben arrivait et enfin, Andreas, dit Andi, avec tout son matériel de cameraman.
Un windsurf trip comme on n’en avait jamais vu avant. Tout était problématique, mais au dernier moment il y avait toujours une solution qui mettait tout le monde d’accord. On a commencé par aller rider sur le nouveau spot que j’ai découvert quelques mois plus tôt, à Ambolobozokely. Ce spot se situe dans les villages perdus au fond de la brousse. Cet endroit paradisiaque de la Mer d’Emeraude est connu mondialement et on a filmé le windsurf sous un nouvel angle. L’équipe était très bien, Graham voulait repousser les limites du windsurf sur des spots dangereux, Rubben prenait des photos à couper le souffle et Andi filmait les actions de Graham avec aisance et beaucoup de professionnalisme. Mis à part les spots très célèbres que sont la Mer d’Émeraude et la Baie des Sakalava, je voulais qu’à travers le film, on puisse découvrir la vie malagasy au monde entier. Ainsi, je leur ai montré les combats de coqs, expliqué l’histoire de la ville, les sacrifices traditionnels, le marché, la ville, les fêtes…
Le fait de rider avec un windsurfer comme Graham sur ses homespots change la manière dont on voit le windsurf. C’est effectivement beaucoup plus impressionnant de voir un Hawaiien envoyer un move sur chaque vague où il se place pour son bottom turn et off the lip. Avec Graham, on voit que le windsurf n’est pas seulement un sport, mais aussi un art. Il m’a donné des conseils pour améliorer mon waveriding et mes sauts, d’ailleurs juste avant son départ, il m’a offert une de ses Ezzy Elite. Tout est calculé, voire même inné dans sa façon de lire une vague, comme s’il était né pour ça. Personnellement, plus tard, j’aimerais pouvoir rider aussi bien que lui.
Le windsurf est vraiment bien plus qu’un sport. À travers cet épique ‘windsurf trip’, des amitiés se sont nouées, des rigolades, des frayeurs, un apprentissage d’une nouvelle culture et des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires !