Le Rietvlei Lake – Cape Town – Afrique du Sud

 

Le Rietvlei Lake est le spot où je windsurf à Cape Town. « Riet » est une plante qui pousse autour du lac, une sorte de roseau, et « vlei » veut dire lac en afrikaans. Ce spot se situe à Milnerton, Table View, à environ 20 minutes du centre-ville entre Sunset Beach et Big Bay, les spots les plus célèbres de la ‘Mother City’.

 

carte

 

Ce lac n’est pas naturel comme beaucoup peuvent le croire. En effet, il a été créé par l’homme dans les années 60. Auparavant, il y avait la plage de Table View jusqu’à Sea Point. Cape Town possède un bord de mer et un grand port grâce au sable qui a été amené aux environs de la ville, là où se trouve actuellement le lac. Ce sont donc des milliers de tonnes de sable qui ont été déplacés pour agrandir la ville au niveau de la mer. Ainsi, le lac est assez grand pour les windsurfers, mais également pour des personnes pratiquant le wakeboard, ski nautique, SUP, dériveur, et autres bateaux à voiles et même pour la pêche. Néanmoins, le kitesurf est interdit. Certaines personnes font aussi de l’observation d’oiseaux. Parfois, il y a des pique-niqueurs aux abords du lac.

Pour avoir accès au spot, on doit porter un badge qui coûte environ 2 euros la journée, sinon on peut devenir membre pour un an, pour environ 35 euros. On devient ainsi membre du Milnerton Aquatic Club. C’est donc le gouvernement qui s’occupe du lac. Il y a un hangar pour bateaux à voiles, un bar, un salon, une réception et enfin un regroupement de conteneurs où est rangé le matériel de windsurf. Ces conteneurs sont privés et on doit en louer un si on veut y laisser son matos.

Le spot est très prisé des freestylers et des slalomeurs. En effet, le plat les attire, mais aussi le vent qui y est généralement plus fort et plus puissant qu’en mer (alors que la mer se trouve à peine à 100-200 mètres du lac). Le Cape Doctor est le nom du vent capetonian, il est rafaleux et en même temps régulier. Parfois, il peut s’arrêter net pendant 20-30 minutes ou plus. Mais sur le lac, il est plus régulier qu’en mer. Et ce qui n’est pas négligeable est que, lorsqu’on se trouve en difficulté, on peut rentrer à la nage, sans problèmes de courant, ni de requins.

 

slalom

 

Je préfère naviguer sur le lac, car je m’oriente vers la RSX et le slalom et je dois avouer que j’apprécie particulièrement la température qui est assez proche de celle de mon homespot (à Madagascar) c’est-à-dire entre 20 et 25 degrés. On navigue en général avec un lycra et un maillot, mais certaines personnes préfèrent la combinaison. Le spot est rempli de clapots, ce qui est très difficile lorsqu’on est à pleine vitesse, mais c’est un bon entraînement pour les cuisses. Pour les freestylers, ces conditions leur permettent de faire des figures sur n’importe quel clapot. J’ai demandé à ces riders pourquoi ils venaient tous à Cape Town pendant cette période de l’année et pas à un autre endroit et ils m’ont dit que c’était à cause des conditions : il y a des vagues, du plat et du clapot. Concernant le lac, ils m’ont répondu que c’était le spot le plus difficile pour pratiquer le freetsyle. Ainsi, s’y entraîner leur permet d’envoyer un Culo sur n’importe quel clapot, ou encore un Flaka sur un autre.

Au niveau slalom, il y a beaucoup de locaux, généralement des seniors qui pratiquent le windsurf. D’ailleurs, j’aimerais ajouter qu’à part mon ami Mitch Wagstaff, Champion d’Afrique du Sud de slalom, je n’ai rencontré aucun jeune, tant en freestyle, en slalom ou en vagues, ce qui est désolant. Apparemment les jeunes préfèrent le surf et le kitesurf, plus facile d’apprentissage et plus facile avec le matériel pour le transport lors des voyages. Bref, les seniors sont nombreux, c’est assez bien organisé et il y a une petite compétition tous les mois pendant l’été qui s’appelle Masters and Blasters Windsurfing. J’ai participé à certaines courses et c’était super fun et surtout un bon entraînement. Néanmoins, il n’y a pas de prix, mais c’est supervisé par l’association Windurfing South Africa, et les courses permettent de se qualifier pour les championnats nationaux.


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Le spot est facile d’accès, ce qui a pour conséquence de la foule tant sur la terre que dans l’eau. On fait fréquemment de belles photos, car les conditions sont souvent parfaites. Lorsque j’ai envie d’aller rider, je n’ai qu’à checker la webcam et j’y vais s’il y a assez de vent.

Le club où je windsurf s’appelle Baysports Cape Town. J’ai pu décrocher un job en tant que moniteur de windsurf et on a eu pas mal de clients l’été dernier. Il y a également une 2ème école qui donne des leçons à un bon nombre d’enfants.

Rietvlei est très célèbre et c’est un spot que beaucoup de personnes connaissent, grâce à des dizaines de vidéos de windsurf à Cape Town sur lesquelles on voit le lac.

Pour l’heure, je range mon matériel et me tiens au chaud ! L’été vient juste de se terminer, on va vers l’hiver et la fréquentation du lac a bien baissé ces temps. Je vois parfois quelques bateaux à voile, SUPers et pêcheurs. Cape Town va devenir une ville assez triste et il est prévu de très basses températures et même de la neige dans les montagnes. J’attends avec impatience de retourner rider sur mon homespot Baie des Sakalava à Madagascar pour retrouver les plaisirs de la planche et de la chaleur !! ☺


lake


Interview – Geoffrey Billy Gaspard

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geoffray-gaspard

Date de naissance : 27 Juillet 1995
Adresse : Ankorikahely – Antsiranana/Diego-Suarez à Madagascar et Cape Town en Afrique du Sud
En quelle année es-tu ? Travailles-tu ?
Je suis en train de faire le droit malagasy à distance. Je suis inscrit pour 5 ans et je vais entamer 3 ans de cours sur l’événementiel.

 

Espace Windsurf (EW) : À quel âge as-tu commencé à naviguer ?

Geoffray Billy Gaspard (GBG) : J’ai commencé à naviguer à l’âge de 11 ans.

 

EW : Sur un mois, combien de jours es-tu sur l’eau ?

GBG : Ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend où je suis et ça dépend de la saison, car Diego-Suarez et Cape Town ont les saisons de vents exactement opposées. En effet, à Diego-Suarez, pendant les cours, c’était maximum 4 fois/mois. Mais pendant les vacances, c’était au moins 5 fois par semaine ! Donc, en gros 20 jours sur l’eau. Par contre, maintenant que je suis à Cape Town, c’est tous les jours, sachant que je vais reprendre les cours et que la saison va bientôt se terminer, ça va être limité. Je navigue donc dès que je peux, mais il y a des conditions.

 

EW : Comment te déplaces-tu sur ton spot ?

GBG : À Diego-Suarez, l’un des spots est devant chez moi donc je n’ai qu’à faire 10 mètres. Pour l’autre spot, Baie des Sakalava, j’y vais souvent à pied avec 5 km de marche dans le sable, ça échauffe bien. Mais dès que mes parents se rendent eux aussi sur le spot, on y va ensemble en voiture.

 

EW : De combien de temps as-tu besoin pour te déplacer sur le spot le plus proche ?

GBG : Pour le spot le plus proche, j’ai besoin d’une minute seulement.

 

EW : Qu’es-tu en train de travailler ?

GBG : Je travaille ma vitesse et mes jibes en slalom. Pour varier, dans les vagues, je m’entraîne au backside air.

 

EW : Dans ta région, y a-t-il des cours de planche à voile à l’école ?

GBG : Dans mon ancienne école, oui il y en a eu l’année dernière seulement. C’était uniquement pour les 4èmes mais c’était une bonne initiative malgré le fait que ces cours ont été abandonnés à cause du manque de financement et de fermeture du lycée.

 

EW : Parles-tu de tes nav à l’école ?

GBG : Avant oui, mes amis étaient intéressés d’en faire, mais des problèmes logistiques ne leur permettaient pas de venir sur le spot. Petit à petit, j’ai arrêté d’en parler, car ça n’intéressait que moi et j’étais aussi le seul à en faire vraiment.

 

EW : As-tu déjà une idée des études que tu souhaites faire ? Pourquoi ?

GBG : Un peu de tout en fait. J’ai une idée, mais j’ai tellement envie de faire plusieurs métiers avant de me consacrer à un seul. D’abord, je pense devenir notaire pendant quelques années tout en organisant des compétitions de windsurf et kitesurf à Madagascar et peut-être en Afrique du Sud ou d’autres événements. Puis, laisser petit à petit ces métiers et faire de la politique, mais ce sera probablement dans longtemps. Cependant, je n’arrêterai pas de naviguer !

 

EW : Quelle est (était) l’implication de tes parents ?

GBG : Ce sont mes parents qui m’ont inscrit dans un club de windsurf. Mon père, ancien surfer, a pensé que c’était une bonne idée pour me sortir de mon train-train quotidien. Ils m’ont poussé au début, car je ne voulais vraiment pas en faire du fait que j’apprenais tout seul et que le spot était loin de chez moi. C’était difficile, mais au fur et à mesure qu’ils m’encourageaient, je progressais.

 

EW : Tes frères et sœurs font-ils du windsurf ? Avec la même intensité ?

GBG : Malheureusement non ! Mon frère et ma sœur ont tous les deux commencé par le windsurf. Mon frère planche bien, mais tous les deux se sont dirigés vers le kitesurf avec une intensité plutôt faible.

 

EW : Connais-tu d’autres personnes qui naviguent alors que leurs parents ne naviguent pas ?

GBG : Oui, mais généralement ce sont les parents qui poussent leurs enfants à rider. Je connais, cependant un peu les deux : des jeunes qui rident ainsi que leurs parents et des jeunes qui rident alors que leurs ne pratiquent pas.

 

EW : Navigues-tu avec beaucoup d’amis de ton âge ?

GBG : À Diego-Suarez oui, mais à Cape Town c’est différent. Je ne navigue qu’avec des seniors, c’est incroyable, mais il y a même des personnes âgées de 77 ans qui tracent comme pas possible. En tant que jeune, il n’y a que moi et un ami de 21 ans qui est champion d’Afrique du Sud. C’est triste de voir que les jeunes laissent le windsurf pour le kitesurf.

 

EW : Penses-tu avoir de la chance ?

GBG : Franchement, tout ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui et ce que je suis, ce n’est que grâce à mes parents et je leur serai reconnaissant à vie ! J’ai beaucoup de chance, j’habite devant l’un des spots, j’ai une case sur un autre spot et je suis le seul local ayant du matériel personnel. J’ai de la chance, mais en même temps, ce sport a changé ma vie.

 

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EW : As-tu un entraîneur ?

GBG : Non, mais mon père, ex-para et ex-surfer me donne des exercices à faire et c’est le meilleur des entraîneurs.

 

EW : Que maîtrises-tu le plus ?

GBG : Ça doit être le crash ahah ! Non c’est le frontloop-speedloop, je le passe partout, même quand il n’y a pas de vaguelettes, je tourne quand même et je repars en waterstart parfois. En late frontloop, ça fait assez peur, donc j’essaye de passer le double forward d’abord. Une fois je l’ai presque posé, mais le choc à l’arrivée m’a fait perdre prise.

 

EW : Comment apprends-tu ?

GBG : La concurrence avec mes 2 autres amis riders malagasy poussent à toujours faire plus et à innover un peu plus à chaque session.

 

EW : En vague et freestyle, comment fais-tu pour apprendre un nouveau move ?

GBG : Je regarde des vidéos de tous les riders pros, n’importe lequel, je décortique le move en mettant la vidéo au ralenti, je le reproduis tout seul en le visualisant et en imaginant ce que le rider voit. Aujurd’hui, le tout est facilité par la Gopro. De plus, je lis des témoignages et des leçons dans les magazines ou sur internet.
Par exemple, pour le frontloop, je me suis entraîné en faisant des sauts périlleux partout, que ce soit en vague ou sur le plat, ce qui m’a prouvé qu’il fallait une poussée puissante au niveau des cuisses sinon ça ne marchait pas. Je pratique la théorie et la pratique sans matériel pour commencer et après cela dépend des moves.

 

EW : Quels sont tes meilleurs résultats ?

GBG : Je n’ai pas encore eu la chance de participer à de gros événements de windsurf malgré mon statut d’international malagasy. Néanmoins, j’ai pu participer à de petits contests organisés à Cape Town et mon meilleur résultat en slalom a été 2ème sur 10 riders.

 

EW : Quels sont tes objectifs en windsurf ?

GBG : Être très bon en vagues et en slalom. Faire de bons résultats dans mes futurs championnats et, par-dessus tout, m’amuser.

 

EW : Qu’aimerais-tu passer un jour ? (Move, championnat…)

GBG : Faire une PWA ou une AWT seraient mon rêve. Il y a des chances que je puisse faire les deux  ! Mon move préféré est le Pushloop into frontloop et j’aimerais beaucoup pouvoir le passer un jour.

 

EW : Fais-tu attention à ta nourriture ? Comment ?

GBG : Je ne fais malheureusement pas attention à ma nourriture. À Madagascar, je mange très sainement, cependant ce n’est pas le cas ici. J’essaye petit à petit, mais la malbouffe n’est pas loin.

 

EW : Quel est le spot que tu as préféré ?

GBG : Je n’ai pas eu la chance de naviguer sur beaucoup de spots, mais, pour l’instant, celui que je préfère le plus est la baie des Sakalava, mon homespot.

 

EW : Quel est ton rider préféré ?

GBG : Mon rider préféré est Marcilio Browne aka Brawzinho. Avant même qu’il soit Champion du Monde l’an dernier, je voyais que son style était différent et qu’il était à l’aise sur les 2 bords, malgré des résultats qui n’étaient pas à la hauteur de ses performances. Brawzinho a pu montrer ce qu’il était capable de faire et la place de Champion du Monde lui revient parfaitement, sans oublier sa 2e place au RedBull Storm Chase.

 

EW : Lis-tu des magazines de windsurf ?

GBG : À Madagascar c’est très difficile de se procurer des magazines, donc je lis les articles sur le net à travers Facebook. Dès que je le peux, quand un ami me rend visite, je lui demande de ramener WindMag généralement. En Afrique du Sud, j’ai quelques magazines avec moi comme BoardMagazines ou encore Windsurfer Magazine.

 

EW : Comment décrirais-tu le windsurf ?

GBG : Le windsurf est un sport difficile lorsque l’on a maîtrisé les bases. Cependant, on peut prendre beaucoup de plaisir, de l’adrénaline ou encore se procurer des sensations nouvelles. C’est, pour moi, le meilleur sport au monde ! Il s’appuie sur 2 éléments : l’eau et le vent, et ce en totale harmonie avec la nature et on s’amuse sans la polluer. De plus, c’est très bon pour le corps qui a besoin de s’oxygéner, d’ailleurs c’est l’un des seuls sports où tous les muscles sont sollicités.

 

EW : Penses-tu faire du windsurf toute ta vie ?

GBG : Oui, j’en ferai toute ma vie, même s’il faut que je finisse ma vie en windsurf, ça m’est égal. J’adore ce sport, il est vraiment spécial.

 

EW : Es-tu sponsorisé ? Payes-tu une partie ? Reçois-tu quelque chose ?

GBG : Pour l’instant je ne suis sponsorisé que par Espace Windsurf, mais avec mon statut d’international Malagasy je suis à la recherche de sponsors.

 

EW : Que souhaites-tu rajouter ?

GBG : Personnellement, je pense que le windsurf a de l’avenir et ça me fait très plaisir de faire partie d’un team où bientôt tous les riders seront connus comme LES Windsurfers. J’essaye de balancer le fun et le travail comme tous les riders du team et j’espère que tous ensemble on pourra aller loin.

Le windsurf n’a pas de limite et c’est en y vouant sa vie qu’on peut le prouver.

 

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