Photographes : Gaël Contal & Nine Ink
Voici le sixième épisode de ma rencontre avec quelques freestyleurs français. Voir le cinquième épisode ici.
Voici la question que je leur avais posée :
« Quels conseils donnerais-tu aux jeunes windsurfeurs freestyleurs pour progresser ? (moves incontournables, entraînement, matériel, …) »
6ème épisode : Romain Pinocheau, Manu Canepa
Romain Pinocheau
« Pour commencer le freestyle, il faut tout d’abord bien s’équiper. Pour les jeunes, le mieux serait une 80 litres avec aileron de 16 cm pour bien glisser. (young 80l / 55-70kg 90l / +72kg 100l).
Un pied de mât avec un diabolo boogy pourra pour rigidifier la jonction entre la planche et le gréement, afin de mieux rester au-dessus de son flotteur pendant les premières manœuvres.
Une voile à 4 lattes sera plus maniable et légère, mais les 5 lattes fonctionnent très bien aussi. Un mât RDM obligé et un wishbone en aluminium fera l’affaire (le mieux étant un wish carbone plus robuste, rigide, mais plus cher)…
Pour les réglages, le pied de mât doit être reculé dans le vent fort et au milieu le reste du temps (les réglages PDM dépendent aussi des planches). Les straps ouverts permettent de mieux enlever son pied lors des chutes, et d’insérer plus facilement son pied lors des passages en switch. Cela permet aussi d’avoir des appuis sur le centre de la planche et non sur les bords. Le wishbone au niveau des épaules : en-dessous, moins d’amplitude, au-dessus : moins de contrôle.
Au niveau de la voile : bien étarquer au wishbone et faire dégueuler un minimum le haut de la voile. Il faut savoir qu’en général, les voiles de freestyle n’ont pas une très grande plage d’utilisation, contrairement aux voiles de vagues. Quand on est à la rue, il vaut mieux changer de voile que trop l’étarquer.
Les boots de harnais du freestyler sont assez longs (28-30) : ce qui permet un meilleur contrôle dans le vent faible et le vent fort et d’avoir ainsi une position plus confortable pour passer les molles ou les rafales sans tomber en arrière ou se faire catapulter.
Les premiers moves à envoyer sont, dans l’ordre : air jibe, (willy skipper), grubby, spock, flaka. Ce sont les basiques qui ne nécessitent aucun changement de stance ou de passage à contre.
Evidemment, vous pouvez commencer à passer en switch, tout en gardant le planning. Les premiers moves en switch seront l’eslider et le switch chachoo. »
Manu Canepa
« Très bonne idée que cet article ! Et félicitations aux kids pour le mondial, car commencer tôt est souvent bénéfique…
Je suis aussi BE voile, je travaille au Bonifacio Windsurf, une école spécialisée Windsurf et j’enseigne justement le freestyle aux jeunes !
Tout d’abord le matos : choisir une voile la plus légère possible. De nombreuses marques proposent des gréements adaptés aux jeunes jusqu’à 3.5 ou 4.0m, c’est mieux (à mes yeux) qu’une voile de vague petite, mais plus lourde. C’est un avantage sur mes débuts, le matos étant bien plus adapté !
Pour ce qui est de la planche, jusqu’à un bon 55kg, une planche de vague d’une quinzaine de litres de plus que le poids du jeune suffira pour les bases du freestyle : comme l’air jibe, le switch ou les speedloops ! Ensuite, une freestyle de 80 litres permettra les moves glissés plus facilement.
Les moves : l’air jibe est incontournable ! Il permet d’assimiler la dissociation haut du corps/ bas du corps… Puis il permet les spocks, les grubby, les doubles spocks les spocks-kono, etc !!
Le Switch-Stance (sw): c’est inconfortable mais indispensable !!
Le flaka : le déclic vient souvent plus tard, car c’est un peu plus engagé physiquement.
Le Duck tack : c’est peut-être ce qui est le plus important en freestyle en ce moment. Il permet d’accéder aux culo, burner, kono, funnel, bob, etc…
L’entraînement, quand on est jeune, c’est surtout de passer le plus de temps possible sur l’eau et si possible avec des gens meilleurs ! C’est bien de s’entraîner sur grosse planche dans le vent léger.
A bientôt sur l’eau j’espère ! »