Un article de Céline Grosjean
Avec l’aide de Kilian du Couëdic et Manu Depersenaire (shaper DMC)
Savez-vous de quoi est composé votre matériel ?
Celui-ci a beaucoup évolué au niveau de la légèreté avec l’arrivée du carbone et du monofilm.
Les planches, ainsi que les voiles, se sont spécialisées petit à petit en fonction des disciplines.
Planche :
La planche de slalom est assez tendue (le dessous sur les 70 premiers cm est en ligne droite ou plate, le scoop (courbure générale vue de côté) n’est pas très prononcé).
Le volume reste important (90L, 130L).
La planche de vague est plus renforcée et peu volumineuse avec un tail (arrière de la planche) assez fin et un scoop plus prononcé, afin de ne pas planter dans la vague. Pour voir le scoop, on utilise une règle sur le dessous de la planche (parfois très peu à plat, contrairement aux planches de slalom).
La planche de freestyle est plus large avec un arrière épais et un volume
entre la planche de slalom et celle de vague. Elle a un arrière large (pour avoir de l’impulsion même sur eau plate) et volumineux (pour faire tous les moves en glisse arrière).
La planche de freeride est assez proche de la planche de slalom avec des lignes qui la rendront plus facile.
Construction d’une planche :
Il y a différents types de constructions en fonction des attentes.
Le haut de gamme et la plus utilisée actuellement est la construction sandwich (sur le pain de polystyrène shapé, est ajouté une couche de fibre de verre, une couche de PVC (mousse haute densité) et, à nouveau, une couche de fibre de verre (ou fibre de carbone, kevlar, chanvre de noix de coco)).
On utilise de la résine époxy pour lier chaque couche du sandwich.
Le PVC peut être remplacé par du balsa ou du bambou. Le bois permet une belle finition, mais également d’économiser une couche de fibre de verre. Il donne des possibilités de rigidité importante, mais en cas d’infiltration d’eau, la planche est irrécupérable.
En milieu de gamme, on trouve le thermoformé (pain de polystyrène sur lequel sont moulés à chaud deux panneaux de fibre de verre recouverts d’une fine pellicule de plastique qui les rendent beaucoup plus étanches et solides). Il est facilement repérable par un joint entre les 2 panneaux, mais parfois masqué chez certaines marques (ex. : Fanatic Viper).
Bic Techno One Design (293)
En entrée de gamme (planche d’initiation : Bic, Tiga ou Hyfly), on trouve des planches en « extrudé/soufflé ».
Il s’agit d’une planche en polyéthylène (plastique) avec de la mousse polyuréthane (mousse à haute densité : +/- 30 kg/m3) à l’intérieur.
Le plastique est sous forme de rouleaux mous entre deux moules. On y injecte la mousse qui le fait gonfler jusqu’au moule.
Hifly Primo et coupe d’une Bic Melody
Petite information supplémentaire :
- Dans le passé (années 80), quand les shapers parlaient de full carbone, il s’agissait bien de toutes les couches en carbone (même celles entre le pain de mousse et le PVC). Mais il s’agissait de planches en clark (mousse haute densité et résine polyester (pas de sandwich, on appelait cette structure : monolithique)).
Aujourd’hui, ce n’est plus possible == > c’est beaucoup trop cher (il s’agit d’une couche sur le pont, voire même en oubliant le tiers avant et quelques fois même la carène).
- Il existe encore un autre type de construction : les planches vides de chez Air Inside. Le carbone préimprégné, dans ce cas, est indispensable pour la structure. Ce sont des planches qui sont cuites à 120°
- Le matériel est très difficilement recyclable !
Voiles :
Les voiles de slalom sont de grandes voiles à cambers puissantes et stables (comme des ailes d’avion), même dans les rafales.
Les voiles de vagues sont de petites voiles renforcées par le monofilm tramé et sont très maniables (elles se neutralisent facilement, grâce à un creux qui peut disparaître au surf par exemple).
Les voiles de freeride sont des voiles se situant entre les voiles de slalom et vagues (avec de la puissance et une bonne maniabilité).
Mât et wishbone :
Les mâts actuels sont composés d’un pourcentage plus ou moins élevé de carbone ce qui donne une légèreté, mais également une nervosité très différente (+ de carbone = plus léger, plus nerveux et surtout beaucoup plus cher).
Le carbone est plus rigide que la fibre de verre, donc il n’est pas nécessaire de mettre autant de couches et c’est pourquoi le mât est d’autant plus léger.
Cependant, un 100 % carbone peut s’avérer plus fragile surtout aux impacts. Il suffit que le mât tombe par terre pour qu’il soit fragilisé et casse facilement en navigation.
Trop de rigidité et peu de matériaux peuvent être une source de casse.
Un mât 100 % carbone n’est jamais 100 %, car il y a quand même de la fibre de verre (dans le manchon par ex.), une couche anti UV (blanche ou argentée) et de la résine époxy !
C’est 100 % des fibres, qui sont là pour la rigidité du mât, qui sont en carbone.
Les wishbones sont principalement en alu (alliages de différentes qualités) anodisé pour éviter la corrosion. On en trouve également en carbone (en réalité carbone et fibre de verre). C’est très intéressant pour les grandes voiles, car la déformation du wishbone en alu est trop importante. (ex. : pumping ou rafale en slalom)
L’aluminium est plus lent à reprendre sa forme et il est capable d’amortir les vibrations, ce qui permet d’éviter les tendinites (ex. : la réception d’un saut en vague).
Et qu’en est-il du matériel en école de voile?
Beaucoup de planches de club nautique sont en « extrudé/soufflé » (entrée de gamme), car elles sont très solides, résistent parfaitement aux UV et ne craignent pas les impacts ! Cependant, elles sont très lourdes !
Beaucoup d’écoles ont également un nombre plus ou moins important de thermoformé, car il résiste également bien aux UV (les planches peuvent rester à l’extérieur pendant tout l’été sans problèmes). L’inconvénient est l’antidérapant qui ne tient plus après un mois. Beaucoup d’écoles de voile ont donc remplacé l’antidérapant traditionnel par des pads autocollants en EVA.
La construction du moule d’une planche en thermoformé ou extrudé/soufflé est très onéreuse. C’est pourquoi les marques sont obligées d’utiliser le même modèle de planche pendant un minimum de 3 ans, afin d’amortir leurs frais et donc ne pas perdre d’argent.
Les dérives sont en polycarbonate (plastique) ou nylon.
Il existe aussi les dérives haut de gamme (particulièrement pour la compétition) : âme en PVC recouverte de fibre de verre ou fibre de carbone.
Les voiles de débutants sont principalement en Dacron (tissu) avec une fenêtre en PVC (souple et moins cassant que le monofilm, mais un peu plus lourd), car le monofilm ne résiste pas au soleil.
L’idée est de faire des voiles solides pour un usage intensif (école de voile) tout en restant légères.
Ce genre de voiles se déforment de façon importante (pas de stabilité) due aux matériaux, mais également au nombre de lattes (1 à 4 lattes). Ces voiles ne conviennent donc pas dans des conditions de planning.
Les mâts sont en fibre et parfois en aluminium (très léger, mais se déforme très rapidement).
Un article de Céline Grosjean
Avec l’aide de Kilian du Couëdic et Manu Depersenaire (shaper DMC)
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2 réponses sur “Avec quoi naviguons-nous ?”