Interview – Geoffrey Billy Gaspard

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Date de naissance : 27 Juillet 1995
Adresse : Ankorikahely – Antsiranana/Diego-Suarez à Madagascar et Cape Town en Afrique du Sud
En quelle année es-tu ? Travailles-tu ?
Je suis en train de faire le droit malagasy à distance. Je suis inscrit pour 5 ans et je vais entamer 3 ans de cours sur l’événementiel.

 

Espace Windsurf (EW) : À quel âge as-tu commencé à naviguer ?

Geoffray Billy Gaspard (GBG) : J’ai commencé à naviguer à l’âge de 11 ans.

 

EW : Sur un mois, combien de jours es-tu sur l’eau ?

GBG : Ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend où je suis et ça dépend de la saison, car Diego-Suarez et Cape Town ont les saisons de vents exactement opposées. En effet, à Diego-Suarez, pendant les cours, c’était maximum 4 fois/mois. Mais pendant les vacances, c’était au moins 5 fois par semaine ! Donc, en gros 20 jours sur l’eau. Par contre, maintenant que je suis à Cape Town, c’est tous les jours, sachant que je vais reprendre les cours et que la saison va bientôt se terminer, ça va être limité. Je navigue donc dès que je peux, mais il y a des conditions.

 

EW : Comment te déplaces-tu sur ton spot ?

GBG : À Diego-Suarez, l’un des spots est devant chez moi donc je n’ai qu’à faire 10 mètres. Pour l’autre spot, Baie des Sakalava, j’y vais souvent à pied avec 5 km de marche dans le sable, ça échauffe bien. Mais dès que mes parents se rendent eux aussi sur le spot, on y va ensemble en voiture.

 

EW : De combien de temps as-tu besoin pour te déplacer sur le spot le plus proche ?

GBG : Pour le spot le plus proche, j’ai besoin d’une minute seulement.

 

EW : Qu’es-tu en train de travailler ?

GBG : Je travaille ma vitesse et mes jibes en slalom. Pour varier, dans les vagues, je m’entraîne au backside air.

 

EW : Dans ta région, y a-t-il des cours de planche à voile à l’école ?

GBG : Dans mon ancienne école, oui il y en a eu l’année dernière seulement. C’était uniquement pour les 4èmes mais c’était une bonne initiative malgré le fait que ces cours ont été abandonnés à cause du manque de financement et de fermeture du lycée.

 

EW : Parles-tu de tes nav à l’école ?

GBG : Avant oui, mes amis étaient intéressés d’en faire, mais des problèmes logistiques ne leur permettaient pas de venir sur le spot. Petit à petit, j’ai arrêté d’en parler, car ça n’intéressait que moi et j’étais aussi le seul à en faire vraiment.

 

EW : As-tu déjà une idée des études que tu souhaites faire ? Pourquoi ?

GBG : Un peu de tout en fait. J’ai une idée, mais j’ai tellement envie de faire plusieurs métiers avant de me consacrer à un seul. D’abord, je pense devenir notaire pendant quelques années tout en organisant des compétitions de windsurf et kitesurf à Madagascar et peut-être en Afrique du Sud ou d’autres événements. Puis, laisser petit à petit ces métiers et faire de la politique, mais ce sera probablement dans longtemps. Cependant, je n’arrêterai pas de naviguer !

 

EW : Quelle est (était) l’implication de tes parents ?

GBG : Ce sont mes parents qui m’ont inscrit dans un club de windsurf. Mon père, ancien surfer, a pensé que c’était une bonne idée pour me sortir de mon train-train quotidien. Ils m’ont poussé au début, car je ne voulais vraiment pas en faire du fait que j’apprenais tout seul et que le spot était loin de chez moi. C’était difficile, mais au fur et à mesure qu’ils m’encourageaient, je progressais.

 

EW : Tes frères et sœurs font-ils du windsurf ? Avec la même intensité ?

GBG : Malheureusement non ! Mon frère et ma sœur ont tous les deux commencé par le windsurf. Mon frère planche bien, mais tous les deux se sont dirigés vers le kitesurf avec une intensité plutôt faible.

 

EW : Connais-tu d’autres personnes qui naviguent alors que leurs parents ne naviguent pas ?

GBG : Oui, mais généralement ce sont les parents qui poussent leurs enfants à rider. Je connais, cependant un peu les deux : des jeunes qui rident ainsi que leurs parents et des jeunes qui rident alors que leurs ne pratiquent pas.

 

EW : Navigues-tu avec beaucoup d’amis de ton âge ?

GBG : À Diego-Suarez oui, mais à Cape Town c’est différent. Je ne navigue qu’avec des seniors, c’est incroyable, mais il y a même des personnes âgées de 77 ans qui tracent comme pas possible. En tant que jeune, il n’y a que moi et un ami de 21 ans qui est champion d’Afrique du Sud. C’est triste de voir que les jeunes laissent le windsurf pour le kitesurf.

 

EW : Penses-tu avoir de la chance ?

GBG : Franchement, tout ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui et ce que je suis, ce n’est que grâce à mes parents et je leur serai reconnaissant à vie ! J’ai beaucoup de chance, j’habite devant l’un des spots, j’ai une case sur un autre spot et je suis le seul local ayant du matériel personnel. J’ai de la chance, mais en même temps, ce sport a changé ma vie.

 

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EW : As-tu un entraîneur ?

GBG : Non, mais mon père, ex-para et ex-surfer me donne des exercices à faire et c’est le meilleur des entraîneurs.

 

EW : Que maîtrises-tu le plus ?

GBG : Ça doit être le crash ahah ! Non c’est le frontloop-speedloop, je le passe partout, même quand il n’y a pas de vaguelettes, je tourne quand même et je repars en waterstart parfois. En late frontloop, ça fait assez peur, donc j’essaye de passer le double forward d’abord. Une fois je l’ai presque posé, mais le choc à l’arrivée m’a fait perdre prise.

 

EW : Comment apprends-tu ?

GBG : La concurrence avec mes 2 autres amis riders malagasy poussent à toujours faire plus et à innover un peu plus à chaque session.

 

EW : En vague et freestyle, comment fais-tu pour apprendre un nouveau move ?

GBG : Je regarde des vidéos de tous les riders pros, n’importe lequel, je décortique le move en mettant la vidéo au ralenti, je le reproduis tout seul en le visualisant et en imaginant ce que le rider voit. Aujurd’hui, le tout est facilité par la Gopro. De plus, je lis des témoignages et des leçons dans les magazines ou sur internet.
Par exemple, pour le frontloop, je me suis entraîné en faisant des sauts périlleux partout, que ce soit en vague ou sur le plat, ce qui m’a prouvé qu’il fallait une poussée puissante au niveau des cuisses sinon ça ne marchait pas. Je pratique la théorie et la pratique sans matériel pour commencer et après cela dépend des moves.

 

EW : Quels sont tes meilleurs résultats ?

GBG : Je n’ai pas encore eu la chance de participer à de gros événements de windsurf malgré mon statut d’international malagasy. Néanmoins, j’ai pu participer à de petits contests organisés à Cape Town et mon meilleur résultat en slalom a été 2ème sur 10 riders.

 

EW : Quels sont tes objectifs en windsurf ?

GBG : Être très bon en vagues et en slalom. Faire de bons résultats dans mes futurs championnats et, par-dessus tout, m’amuser.

 

EW : Qu’aimerais-tu passer un jour ? (Move, championnat…)

GBG : Faire une PWA ou une AWT seraient mon rêve. Il y a des chances que je puisse faire les deux  ! Mon move préféré est le Pushloop into frontloop et j’aimerais beaucoup pouvoir le passer un jour.

 

EW : Fais-tu attention à ta nourriture ? Comment ?

GBG : Je ne fais malheureusement pas attention à ma nourriture. À Madagascar, je mange très sainement, cependant ce n’est pas le cas ici. J’essaye petit à petit, mais la malbouffe n’est pas loin.

 

EW : Quel est le spot que tu as préféré ?

GBG : Je n’ai pas eu la chance de naviguer sur beaucoup de spots, mais, pour l’instant, celui que je préfère le plus est la baie des Sakalava, mon homespot.

 

EW : Quel est ton rider préféré ?

GBG : Mon rider préféré est Marcilio Browne aka Brawzinho. Avant même qu’il soit Champion du Monde l’an dernier, je voyais que son style était différent et qu’il était à l’aise sur les 2 bords, malgré des résultats qui n’étaient pas à la hauteur de ses performances. Brawzinho a pu montrer ce qu’il était capable de faire et la place de Champion du Monde lui revient parfaitement, sans oublier sa 2e place au RedBull Storm Chase.

 

EW : Lis-tu des magazines de windsurf ?

GBG : À Madagascar c’est très difficile de se procurer des magazines, donc je lis les articles sur le net à travers Facebook. Dès que je le peux, quand un ami me rend visite, je lui demande de ramener WindMag généralement. En Afrique du Sud, j’ai quelques magazines avec moi comme BoardMagazines ou encore Windsurfer Magazine.

 

EW : Comment décrirais-tu le windsurf ?

GBG : Le windsurf est un sport difficile lorsque l’on a maîtrisé les bases. Cependant, on peut prendre beaucoup de plaisir, de l’adrénaline ou encore se procurer des sensations nouvelles. C’est, pour moi, le meilleur sport au monde ! Il s’appuie sur 2 éléments : l’eau et le vent, et ce en totale harmonie avec la nature et on s’amuse sans la polluer. De plus, c’est très bon pour le corps qui a besoin de s’oxygéner, d’ailleurs c’est l’un des seuls sports où tous les muscles sont sollicités.

 

EW : Penses-tu faire du windsurf toute ta vie ?

GBG : Oui, j’en ferai toute ma vie, même s’il faut que je finisse ma vie en windsurf, ça m’est égal. J’adore ce sport, il est vraiment spécial.

 

EW : Es-tu sponsorisé ? Payes-tu une partie ? Reçois-tu quelque chose ?

GBG : Pour l’instant je ne suis sponsorisé que par Espace Windsurf, mais avec mon statut d’international Malagasy je suis à la recherche de sponsors.

 

EW : Que souhaites-tu rajouter ?

GBG : Personnellement, je pense que le windsurf a de l’avenir et ça me fait très plaisir de faire partie d’un team où bientôt tous les riders seront connus comme LES Windsurfers. J’essaye de balancer le fun et le travail comme tous les riders du team et j’espère que tous ensemble on pourra aller loin.

Le windsurf n’a pas de limite et c’est en y vouant sa vie qu’on peut le prouver.

 

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