ARTICLE de Jules Cachat
Pour apprendre un nouveau move, la plupart des riders regardent des séquences photos (ou vidéos) d’un move réalisé par un champion, puis ils le tentent sur l’eau.
Je vous propose, dans cet article, une méthode sensiblement différente. Vous vous prenez en photo en train de réaliser le move ciblé, puis vous le comparez à celui d’un champion. Ainsi vous prenez conscience des différences (en même temps que de votre niveau réel), notamment celles qui pourraient s’avérer décisives si vous parvenez à corriger ce qui vous semble devoir l’être. Par conséquent, l’article qui suit livre sans doute des éléments d’analyse pour augmenter votre % de réussite sur un Backloop, mais surtout une méthode d’apprentissage qui colle à votre niveau réel.
Le Backloop est un move que beaucoup considèrent comme « facile ». Facile à envoyer certes, mais le poser reste une autre histoire. Le Backloop est un trick très technique et compliqué, principalement du fait de sa réception pour le moins curieuse, puisqu’elle s’effectue en vent arrière et en « nose dive intégral ». D’après mes lectures et ma petite expérience, il y a 3 points-clés quant à la réussite de ce dernier : chercher à monter avant de tourner (hauteur), orientation de la tête et des épaules pour tourner et réception en « piqué ».
1/ Rechercher la hauteur max
2/ Orientation de la tête – « regard »
3/ Réception
4/ Chercher à éviter la « sur-rotation »
1/
(© X Orset / Jean Souville – Sports-Formations)
La différence entre ces deux photos est flagrante. La hauteur prise par Victor (image de gauche) est beaucoup plus importante que la mienne. C’est ce qui va donner le temps de se placer en l’air. Plus on a de la hauteur, plus c’est facile de faire la rotation complète. Mais attention à la sur-rotation ! Je m’explique : si vous êtes haut lorsque vous tournez, vous aurez le temps de voir arriver l’eau au moment du « piqué ». Cela vous aidera à vous préparer à la réception et vous aidera à avoir un maximum de contrôle en l’air. Par contre, nous observons sur les deux images à l’apogée du saut, que la tête du rider commence à se tourner pour débuter la rotation, mais seulement à l’apogée. Pour un backloop, le choix de la rampe est lui aussi important. La rampe que vous choisissez doit être raide, afin de vous propulser le plus haut possible ; ne pas essayer un backloop sur un clapot, à moins que vous fassiez un microbackloop et encore. Garder bien les jambes fléchies durant tout le saut afin de garder la board sous vos fesses et avoir un maximum de contrôle.
2/
(© X Orset / Jean Souville – Sports-Formations)
Entre ces deux images, l’orientation de la tête et des épaules de Victor est bien plus accentuée que chez moi. Victor regarde complètement au-dessus de son épaule gauche alors que pour moi, l’action du regard est minimaliste. Pourtant, tourner la tête et engager les épaules est le plus important dans ce move et c’est ce qui va permettre la rotation. Plus vous regarderez au-dessus de votre épaule avant et plus la rotation sera facile. Cependant, attention de gérer ces actions sans trop de brutalité, car c’est une erreur courante qui peut être à l’origine de sur-rotation et de blessures. Vous ne devez exécuter cette rotation de la tête qu’à l’apogée du saut, sinon vous tournerez trop vite et finirez la rotation avant d’avoir atteint l’eau. Ou alors, si vous tournez la tête plus tôt, vous freinerez votre hauteur et donc poserez votre backloop avec moins d’amplitude. Le placement du haut du corps est très important pendant un backloop et nous observons que Victor a les épaules alignées avec le reste du corps alors que ce n’est pas le cas chez moi.
3/
(© X Orset / Jean Souville – Sports-Formations)
Sur l’image de gauche, Victor est prêt pour sa réception. Il n’est ni en sur-rotation ni en sous et c’est ce qui prouve qu’il a tourné sa tête à l’apogée du saut bien au-dessus de son épaule avant, car il atterrit dans le bon angle (vent arrière). Sur l’image de droite, on s’aperçoit que je ne pique pas vraiment, car mes fesses sont au même niveau que le flotteur voire légèrement en dessous ; au contraire de Victor pour qui les fesses sont très nettement au-dessus du flotteur.
Nous voyons également que tout au long de mon backloop, je tourne la tête seulement au début, puis mon regard se bloque face à ma voile, ce qui stoppe « net » la rotation qui devient responsable de cette sous-rotation.
Conséquence du placement de Victor, haut au-dessus de son pied de mât, nous observons aussi qu’à la réception, il colle son oreille sur son épaule arrière et met son poids un peu plus sur l’arrière du flotteur, pour éviter la catapulte au moment où le nose touche l’eau. Pour gérer une réception en piqué, Victor recule sa main arrière afin de contrôler l’ouverture de sa voile à la réception et ne pas être surpris au moment où la voile quittera l’axe du vent arrière. Lors de la réception, il atterrit en vent arrière et donne un petit coup de talon au moment de l’impact pour mettre sa planche dans l’axe du vent. Cela permet à Victor de poser parfaitement son backloop.
4/
Sadry « Sur rotation » (© xav Orset)
Très heureux de faire apparaître mon ami Sadry Ayachi. C’est à lui que revient l’honneur (!!) d’illustrer le principe de sur-rotation en sa qualité du plus talentueux et gros jumper de Tunisie (désolé pour tous les autres!)
Lors d’une sur-rotation, on peut oublier de piquer, mais, au contraire, il faut engager un effet « toupie » avec la planche. Cela peut être perçu comme un indicateur de non-contrôle. Vous créez la sur-rotation lorsque vous cherchez à tourner avant de monter, mais également lorsque vous envoyez les épaules de façon trop prononcée.
Mon père m’explique souvent qu’il vaut mieux être en sous-rotation et en rajouter progressivement (engagement épaules), car tout se fait en contrôle. Cela aide à avoir des repères dans l’espace et ne pas être perdu. Pour caractériser cette idée, on observe assez facilement que Sadry se trouve encore à plus d’un mètre de la surface et que son point d’écoute a déjà dépassé l’axe du vent arrière. Ce qui est problématique, c’est que sans ouverture de voile (normalement réalisé au moment de la réception en nose dive), la voile prend à contre. La sur-rotation peut s’avérer très violente pour les genoux et le flotteur.
Voilà donc l’étape à laquelle je me situe actuellement. Le fait d’avoir rédigé cet article, j’en suis sûr, ne va pas seulement m’aider en français pour la classe de première (LOL !). Faire une analyse technique, c’est surtout, pour moi, la garantie de mieux me représenter le move et avoir ainsi plus de chance de faire les corrections nécessaires sur la sortie d’après. Pour celles et ceux qui ne naviguent pas souvent, cela peut permettre de rentabiliser la moindre sortie. Ce sera mon objectif, aidé de mon ami Noah Voker, puisque je décolle pour Lanzarote demain.
Je remercie encore mes sponsors Chinook, Sport et Glisse Tunisie et DMC shop.
Sur ce, à plus et bon vent en espérant avoir apporté des éléments qui pourront vous aider !
ARTICLE de Jules Cachat